Han. Le premier épisode n'était qu'une ruse. C'est crépusculaire, en fait.
Par contre ça m'a grave saoulé de passer l'épisode à pas comprendre qui était cette putain de Lydia. Je viens de me spoiler sa fin en cherchant à savoir qui c'était, super...
(Et je sais toujours pas qui c'est...)
C'est marrant, parce que hier soir, je suis un peu restée sur ma faim. A part quelques très vraiment visuellement forts, le plus marquant, c'était quand même le recap de la saison précédente... c'est quand même un peu dommage.
Et puis... et puis en fait, j'ai passé la moitié de la journée à cogiter, à y penser, à tourner les trucs dans un sens ou dans un autre, à la manière d'un tétris mental. Chose que je fais rarement, parce que ça me gonfle quand il faut chercher les indices et anticiper quinze ans à l'avance. J'aime suivre le déroulement, j'aime pas que ce soit tortueux ET que ça me demande de dessiner la carte à l'avance.
Le truc assez énorme, avec Breaking Bad, et qu'on a tendance à oublier après quelques temps, c'est la façon dont les épisodes sont bâtis à plus de 50 % sur l'image. Couleurs, symétrie, absences, déconstructions visuelles. Les épisodes sont remplis de rien ; de silences, de manques, et pourtant l'impact est puissant et durable.
Alors, bon, il y a des procédés un peu agaçants à la longue. Le petit détail qui fait s'écrouler le château de cartes en cours de construction, le petit truc qui fait tilt, et qui fait boule de neige (l'éclat de porcelaine dans la poubelle, pour prendre un vieil exemple). Au bout d'un moment, ça devient un procédé un peu éculé. Mais on fait avec, malgré tout, parce que c'est assez hypnotisant de voir cette construction méticuleuse se mettre en place sous nos yeux.
Et puis il y a les personnages. Je ne dis pas les acteurs, parce que ça me gonfle un peu de devoir admirer quelqu'un parce qu'il a un prix, et je ne pense pas qu'on puisse dissocier une prestation d'acteur de l'écriture du personnage qu'il interprète. Ça tient aux personnages, et l'empathie de fou qu'ils arrivent à créer malgré les non-dits et les mensonges.
Ce début de saison 5, paradoxalement, c'est la mise en scène de la déconstruction de Walter White. Alors oui, il se pose en "cerveau" triomphant, en survivant, celui qui a un coup d'avance, celui qu'on doit désormais craindre. Mais visuellement, la caméra l'évite, le corps est tronçonné, il devient étranger, déconstruit. Ça permet de rendre beaucoup plus tangible et matérielle la peur que ressentent Skylar et Saul. L'homme s'est perdu dans le mythe ; il croit ses propres mensonges, il croit au personnage qu'il a lui-même construit.
Et le plus terrifiant, désespérant, c'est que le seul à ne pas le voir, c'est Jesse Pinkman. Le degré de mensonge et de manipulation de la part de Walter White faisait vraiment mal au cœur, dans ce début de saison, parce que c'est un processus complètement destructeur, contrairement à la manipulation de Mike dans la saison 4. Même si le coup de la vraie fausse cigarette empoisonnée retrouvée dans le robot aspirateur pouvait aussi être vu comme un acte de compassion, c'était surtout une mesure préventive parfaitement égoïste pour le faire taire et le lancer sur une fausse piste. C'est cruel si ce n'est qu'une parodie orchestrée pour se protéger, mais c'est encore plus cruel si on part du principe que Walter tient réellement à Jesse, dans une optique paternaliste foirée.