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Sérivore
6 avril 2012

Ramblings - Jesse Pinkman ou la transformation en singe de l'espace

Avec cette saison 4, je pensais foutrement à Palahniuk (pas vraiment à Fight Club, même si l'ombre de ce bouquin plane sur tous les autres, depuis), au matérialisme et aux personnages autodestructeurs. Je pensais que ça collait parfaitement avec Breaking Bad, et que la maison de Pinkman ressemblait à la maison de Paper Street, en pire. Pire, parce qu'elle n'a pas de but, autre que de soulager sa détresse et lui faire oublier la réalité. La maison de Paper Street, c'était devenu un fort, une base d'opérations, un quartier général pour Tyler Durden et ses singes de l'espace. Sauf que là, Jesse est tout seul, et qu'il n'a aucun but - l'incarnation de la génération foutue, celle qui n'a eu ni guerre ni grande révolution pour se donner un but. Et pourtant, je suis obligée d'y penser.

Pinkman, ça a toujours été le personnage qui parlait trop, et mal. Pendant trois saisons, il envahissait chaque scène de mots creux et de paroles inutiles. Mais maintenant, dans la saison 4, comme la parole échoue, toutes les paroles, Pinkman est réduit au silence. Dans l'épisode 1, il doit avoir quatre lignes, à la toute fin. Dans l'épisode 2, il y a une tentative de logorrhée verbale, mais ça échoue aussi, et ses amis finissent par s'en aller. Remplacer le silence par du bruit, les amis par des clodos. La parole effective est remplacé par une parole sans queue ni tête, la litanie du tweaker conspirationniste.

Et là encore, je pense à Fight Club, et à Palahniuk. La parole qui échoue, c'est le procédé narratif central du livre. Le narrateur parle, mais sa vie n'a aucun sens - puis il laisse la parole à Tyler, et devient spectateur de sa propre vie. Le nom même perd de son sens, dans la maison de Paper Street - le narrateur n'en a pas, les singes de l'espace non plus. Le discours de Tyler gomme toutes les aspérités, tous les particularismes ("vous n'êtes pas un flocon de neige, unique et merveilleux"), jusqu'à supprimer les noms et les différences physiques. Et là je pense à la tondeuse, à la fin de l'épisode 4, et la scène sortait tout droit de FC.

Au final, si Pinkman existe encore, c'est au travers des deux groupes opposés qui respectivement tiennent à lui et veulent le tuer. Dans la mort - l'angoisse qu'il le soit, le désir qu'il le soit - il retrouve un nom et une identité.
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Sérivore
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