Ouais. Donc en fait il fallait que tumblr me pousse dans la bonne direction et ça passait comme une lettre à la poste. L'humour noir m'a fait rire, contrairement au premier qui m'avait gonflé/énervée. Le whump était drôle et bien fait et super gore. Je shippe Cassidy/Jesse. Tulip me gave - surtout parce qu'elle parle de trucs non encore expliqués et que ça m'énerve, mais surtout parce que l'actrice surjoue, c'est pénible. Les deux zigotos qui chantent des chansons avant de tenter de découper les gens à la tronçonneuse sont très attachants (entre douze guillemets). J'étais bien contente qu'ils ne soient pas morts. Bref, il y a du potentiel si on voit ça sous l'angle tumblr, en fait. Et j'aime bien cette idée de pouvoir de persuasion par la parole, ça me rappelle vaguement quelque chose, mais je ne saurais pas dire quoi.
Une chanson de Cash par épisode, ça me va.
Du coup pourquoi j'ai viré ma cuti comme ça ?
Plusieurs raisons. Déjà, esprit de contradiction : le consensus était globalement positif sur le premier épisode, mais j'étais mal lunée et il ne m'a pas plu. Le consensus était négatif sur le 2e, ce qui, logiquement, a éveillé ma curiosité.
Ensuite, tumblr. Tumblr, c'est un outil à double tranchant pour trouver des séries à regarder, parce que tout est teinté, déformé, mensonger. Une série peut avoir l'air drôle, et ne pas l'être du tout (dernier exemple en date, Black Sails). Pour Preacher, j'étais plus réservée, parce que tout ce qui en ressortait, c'étaient des photos promotionnelles - magnifiques, mais sans âme. Plates, mises en scène à l'extrême mais vides de sens.
Le premier épisode m'avait repoussée en partie à cause de l'absence de relations entre les personnages. Je ne parle pas de ship ou de potentiel de romance, mais bien de relations. Les personnages sont chacun dans leur coin et on a l'impression qu'aucune des intrigues ne se croise, ou si peu, ou de manière si confuse que ça en devient énervant.
Ce que j'aime, dans une série (surtout sur le câble, ou on peut se défaire du format procédural), c'est tous les à côtés, les non dits (ce que reprennent les fanfictions, le fandom). Douze gifsets sur un regard, une main qui effleure une épaule, quinze théories sur un surnom, un choix de mots, une parole peut-être pas si anodine...
Clairement, ce n'est pas facile d'obtenir ce genre d'alchimie dans un pilote d'épisode. Mais je ne voyais même pas le potentiel, et les photos promo sans vie n'aidaient pas.
Mais tumblr est plein de ressources, comparons :
Joli, intense, vide de sens.
Joli, amusant, vide de sens.
Ding ding ding jackpot. Là, le radar à whump est dans le rouge, mais pas seulement.
J'ai toujours pensé que le whump était un excellent moyen de faire aimer un personnage - de le présenter comme faillible, humain, plus proche de nous (instinct maternel ou sadisme, ça reste à déterminer). Exemple au pif : Jim Olyphant dans Deadwood. Pour qu'on puisse l'accepter en tant que shérif, il a fallu avant ça qu'il passe un épisode entier à lutter pour sa vie dans la forêt. A partir de là, on peut en faire quelque chose.
Bref, dans cette image, trois choses : le personnage principal n'est plus si badass que ça (le pilote le présentait comme un kung fu fighter de folie, invincible, énervé par sa propre force), l’acolyte marrant n'est plus si ridicule ou inutile (on ne sait pas ce qui s'est passé, mais visiblement il s'en est pris plein la tronche aussi), et pour finir la position. D'ailleurs une fois l'épisode visionné, on voit que c'est un geste conscient et raisonné de s'appuyer sur le prêtre ; ça fait des choses à penser, ça fait des significations à chercher. Là on peut parler.
Et donc, je pense que je shippe Cassidy et Jesse Custer avec passion, alors qu'il y a deux semaines je ne voulais même plus entendre parler de cette série. On va dire que le fait qu'ils se soient un peu calmés sur l'accent à couper au couteau aide à mieux rentrer dans l'histoire, mais surtout, il y a des liens qui se forment. Techniquement, c'est absolument pas logique que le prêtre, tout zarbi et paumé qu'il soit, laisse un vagabond (vampire qui plus est) vivre dans le grenier de l'église. Tout comme il n'est pas logique qu'un être apparemment égocentrique et solitaire décide de s'attacher à un mauvais prêtre. Ça n'a pas de sens, et donc c'est passionnant.
Et en passant, je pense que j'y vois un parallèle dans la relation entre Hank Palace et Cortez dans le dernier tome de The Last Policeman ; l'association impossible du bien et du mal, et ce moment où on n'est plus très sûr de qui représente quoi. Archétypes.